Le métier et la formation éducateur spécialisé

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Le terme « éducateur » n’implique pas que l’éducateur spécialisé ne s’occupe que d’enfants ; il accompagne également des adultes dans le but de les aider à conserver ou retrouver une certaine autonomie. L’éducateur spécialisé travaille toujours en collaboration avec d’autres participants à l’action éducative et sociale : enseignants, psychologues, psychiatres, magistrats, assistants de service social, personnels administratifs.

Le métier d’éducateur spécialisé

Si le travail d’éducateur spécialisé est passionnant, il est cependant éprouvant sur le plan physique et nerveux. Pour cette raison il nécessite une grande disponibilité, beaucoup de patience, le sens de la créativité et des responsabilités et un goût certain du travail en équipe. Notons au passage que l’on y trouve autant d’hommes que de femmes, contrairement à de nombreuses professions paramédicales typiquement masculines ou plus spécifiquement féminines.

Schématiquement on peut définir le métier d’éducateur spécialisé comme celui d’un travailleur social qui accompagne au quotidien des enfants, adolescents ou adultes souffrant de handicaps physiques ou mentaux, de difficultés d’insertion ou de troubles du comportement. Bien que concernant un public ciblé, il revêt des aspects très diversifiés.

L’éducateur spécialisé appartient à la vie quotidienne des personnes dont il s’occupe et il peut intervenir dans des domaines très différents les uns des autres. C’est l’exemple type du métier polyvalent et de l’obligation de savoir réagir à chaque type de situation.

Les fonctions de l’éducateur spécialisé

L’éducateur spécialisé s’occupe de populations dans toutes les tranches d’âge : mineurs, jeunes adultes, familles, personnes âgées. Ses fonctions et son mode d’intervention diffèrent donc selon les personnes auxquelles il a affaire.

L’éducateur en prévention spécialisée, plus connu sous la dénomination d’éducateur de rue, intervient essentiellement auprès de jeunes plus ou moins livrés à eux-mêmes. Les principes de base de la prévention spécialisée sont définis par l’arrêté ministériel du 4 juillet 1972 : une action éducative sans mandat administratif ni judiciaire, fondée sur la libre adhésion et le respect de l’anonymat. L’éducateur doit donc aller vers ces jeunes et réussir à être considéré comme celui qui apporte un soutien et non comme le représentant d’une autorité quelconque. Ce n’est qu’à cette condition qu’il pourra les orienter vers des activités et des projets qui les éloigneront de la délinquance.

Auprès des populations handicapées, l’éducateur s’efforce avant tout de leur conserver une certaine autonomie par le biais d’activités permettant de les stimuler, suivant les possibilités de chacun, tant dans le cas de handicap physique que mental. Ce suivi éducatif doublé du suivi administratif est extrêmement important car il permet d’organiser la coordination entre les divers intervenants de l’équipe éducative.

Quand il intervient auprès de familles présentant des problèmes au niveau de l’autorité parentale, il s’efforce avant tout de travailler la relation parents/enfants par son analyse et son évaluation de la situation. Il prend également en charge les familles en situation d’exclusion sociale : personnes expulsées ou sans lôgement, chômeurs… Son rôle dans ce cas consiste à les orienter vers les diverses aides possibles et à les accompagner dans leurs démarches administratives, conjointement avec les services sociaux.

Dans le cadre associatif, l’éducateur spécialisé est souvent amené à participer à la réinsertion sociale de détenus passant avant tout par l’aide à la recherche d’un logement et d’un emploi. Si le volet administratif relève principalement des services sociaux, l’éducateur veille avant tout à insuffler assez de confiance à la personne pour qu’elle aille au bout de ses démarches et retrouve sa place dans la société.

Il ne s’agit là que de quelques exemples tant les activités de l’éducateur spécialisé sont multiples et les populations diversifiées.

Les qualités de l’éducateur spécialisé

Ne s’improvise pas éducateur spécialisé qui veut. Les contraintes de cette profession nécessitent des qualités bien précises.

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  • La patience : elle est souvent mise à rude épreuve entre ceux qui se découragent parce que les choses n’avancent pas aussi vite qu’ils le souhaitent et ceux qui ne veulent en faire qu’à leur tête. Il en faut également beaucoup pour affronter la violence de certains jeunes, difficile à canaliser.
  • La disponibilité, qui se place sur deux plans : les horaires parfois assez contraignants ainsi que les déplacements d’un lieu à un autre et la capacité d’être à l’écoute des autres.
  • Le sens du relationnel et la psychologie : la relation avec un jeune en rupture de société est totalement différente de celle avec un handicapé ; il est indispensable de savoir adapter son vocabulaire et son comportement à chaque cas.
  • L’équilibre personnel : il n’est pas question que les soucis professionnels impactent la vie personnelle ; l’empathie qui amène à comprendre une personne en détresse ne doit pas conduire l’éducateur à souffrir de cette situation comme si elle lui était propre.
  • Le goût pour le travail d’équipe : l’éducateur est souvent seul sur le terrain bien que tous les projets soient élaborés en commun ; chacun doit faire preuve de créativité et ce sont les comptes rendus des divers participants qui amènent à la modification éventuelle d’un projet.

La formation au métier d’éducateur spécialisé

L’exercice de la profession est soumise à l’obtention du DEES (Diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé). Les compétences exigées et les modalités de l’examen relèvent d’un référentiel. La formation, accessible sur concours aux titulaires du baccalauréat, s’effectue sur 3 ans dans des écoles spécialisées dépendant du ministère du Travail. Elle comporte une formation théorique de 1450 heures partagée en 4 grands domaines et une formation pratique de 2100 heures (3 stages dont l’un obligatoirement en centre d’hébergement).

Il est également possible d’effectuer la formation dans quelques IUT. Elle se décompose alors en 2 ans de DUT carrières sociales option éducation spécialisée suivis d’une année de spécialisation.

La formation d’éducateur spécialisée peut s’effectuer en formation initiale ou en alternance. Dans ce dernier cas il n’y a que deux stages obligatoires, le troisième étant compensé par le travail en entreprise. La durée de l’enseignement théorique est identique dans les deux types de formation.

Il est enfin possible d’obtenir le diplôme d’état d’éducateur spécialisé par la voie de la VAE si l’on possède l’expérience nécessaire, qu’elle soit acquise dans un cadre professionnel ou par le bénévolat. Les fonctions doivent avoir été exécutées durant trois ans minimum, sur une période continue ou plusieurs périodes successives.

Les débouchés

Les lieux d’exercice de la profession sont très variés et peuvent appartenir au privé ou au public : foyers de jeunes travailleurs ou de mères célibataires, centres d’accueil pour enfants handicapés, service d’aide sociale à l’enfance, centres d’hébergement et de réinsertion sociale, instituts médico-pédagogiques, centres d’aide par le travail, hôpitaux…

Après quelques années, il peut devenir chef de service ou directeur d’établissement. Il peut également préparer d’autres diplômes :

  • DE d’ingénierie sociale (DEIS),
  • certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsabilité d’unité d’intervention sociale (CAFERUIS), – certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale (CAFDES),
  • DE médiateur familial

Conclusion

La profession d’éducateur spécialisé est une profession un peu hors normes : toujours captivante et souvent épuisante, elle peut apporter de grandes joies quand on voit revenir des personnes que l’on a aidé à se reconstruire comme des déceptions lorsqu’un projet n’aboutit pas. Plus qu’un métier, l’éducateur spécialisé exerce un véritable sacerdoce.